Professeur émérite, Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis. Paris. France , denis.bertrandcotar@gmail.com
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Le visage est partout dans l’œuvre de Mehdi Sahabi, frontal (« Portraits », « Figures », « Archamanians » et « Photo-journalism ») ou indirect (« Grafiti », « Totems », « Puzzled » et « Junkyard Cars »), toujours altéré, formellement transformé... La visagéité, entre figuralité et figurativité, en est un motif central. Pour montrer ses enjeux, nous étudions un extrait de Phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty sur le visage vu. Exercice de « suspension phénoménologique » (épochè) que donne à voir un visage « à l’envers », détaché de nos habitudes de vision. Une double interrogation en résulte : (i) sur l’événement visuel qui fait passer le visage de son statut de « canon » du visible (la beauté) à un statut tératologique (le monstrueux) ; (ii) sur la relativité de l’épochè, jamais épurée de toute modalité, inévitablement imprégnée de pré-construits culturels.
Ces interrogations éclairent le statut du visage chez Sahabi, à la fois signe et emblème de la figurativité altérée. On identifie les chemins de sa déformation – de l’estompe à la déchirure, de la fragmentation à l’écrasement – à travers une typologie (extraits des séries ci-dessus). L’analyse sémiotique conduit à la dimension axiologique du visage, manifesté et dissimulé, exhibé et interdit. Cette exigence éthique définitoire de la visagéité, propre de la personne et induisant sa fragilité, est mise à nu dans le geste esthétique de Sahabi. Exigence ainsi exprimée par Levinas : « Ce qui est spécifiquement visage, c’est ce qui ne s’y réduit pas. »
Article Type:
مقالات علمی پژوهشی |
Subject:
Semantics Published: 2021/12/1